De la crise financière aux malheurs de la Société Générale

Publié le par Lux

A première vue, il s’agit de deux affaires très différentes : on est en face, d’un côté, d’une crise affectant tout un secteur économique des Etats-Unis, de l’autre, des pratiques irrégulières d’un employé d’une banque française. Est-ce vraiment exact ?

 

Tout d’abord, remarquons que la perte subie par la Société Générale lorsqu’elle a vendu des titres, avec une précipitation bien compréhensible, pour pouvoir dénouer les contrats passés irrégulièrement par son employé, n’aurait pas été si importante – et peut-être même n’aurait elle pas existée – si ces irrégularités avaient été découvertes deux mois auparavant. Car dans l’intervalle, les bourses mondiales ont connu une très forte baisse du fait de la crise de l’immobilier américain. On peut donc dire que, techniquement, la perte subie par la Société Générale à cette occasion est bien liée à la crise américaine.

 
 

L’oubli des règles de prudence

 
 

Plus généralement, on doit remarquer que, dans les deux cas, ces difficultés proviennent du non - respect, par des professionnels de la profession bancaire, des règles prudentielles de base. Dans le cas de l’immobilier américain, des banques ont accordé de nombreux prêts à des clients auxquelles, normalement, elles n’auraient pas dû consentir de crédit vu leurs faibles revenus, avec la circonstance aggravante que ces prêts portaient intérêts à taux variables. Dès que les taux d’intérêts aux Etats-Unis ont remonté, les intérêts de ces prêts ont fait de même et ces clients ont été dans l’incapacité de les payer. En conséquence, un nombre considérable de pavillons et appartements ont été saisis et mis en vente ( près de deux millions de logements en 2007 ) d’où un effondrement des prix de l’immobilier. Dans le cas de la Société Générale, et bien que l’on ne connaisse pas encore les circonstances exactes de cette affaire, on constate un premier manquement à la prudence : celui de transformer un employé du back-office , rompu aux procédures d’enregistrement et de contrôle des opérations et connaissant les codes d’accès informatiques, en trader chargé de négocier des contrats pour la banque. C’est dans l’autre sens qu’une banque prudente doit procéder, un trader fatigué quittant le desk – et ne pouvant plus, dès lors, négocier – étant transféré aux services d’exécution et de contrôle. Par ailleurs, il faut savoir que certaines des opérations traitées dans les salles de marché sont extrêmement sophistiquées, de telle sorte que peu de gens, y compris dans les directions générales des banques, les dominent avec aisance. Il existe des contrôles, certes, mais les hommes étant ce qu’ils sont, il n’est pas étonnant que des bavures surviennent de temps en temps. Et lorsque celles-ci ne portent pas sur un montant important, on n’en entend pas toujours parler …

 
 

La transformation du capitalisme

 
 

Un téléspectateur d’une émission consacrée à ces affaires posait l’autre jour, avec juste raison, la question : pourquoi les banques de dépôt se livrent-elles à des spéculations pour leur propre compte ? La réponse, dont nous avons eu plusieurs fois l ‘occasion de parler, provient de la transformation du capitalisme à laquelle nous avons eu l’occasion d’assister depuis vingt ans. Dans la période précédente, le capitalisme était le fait de groupes d’industriels et de banquiers reliés très souvent entre eux par des liens familiaux et patrimoniaux. De ce fait, les banques avaient une connaissance étroite des besoins et des conditions de fonctionnement des entreprises industrielles et commerciales. Ce temps n’est plus. Aujourd’hui, les grands acteurs des marchés boursiers sont les gérants des fonds de pension, fonds communs de placement en valeurs mobilières et autres SIVAV. Ceux-ci, brillants diplômés de grandes écoles mais souvent dépourvus d’expérience dans le domaine des affaires industrielles et commerciales, ne connaissent qu’une règle : faire gagner dans le minimum de temps le maximum d’argent aux organismes qu’ils gèrent. Ces personnes se trouvent par définition plongées dans un monde déshumanisé et ignorent la réalité des entreprises dont elles achètent ou vendent les actions. Etant donné l’extrême compétition existant entre eux, ces gérants exigent souvent des entreprises cotées en bourse des taux de rentabilité qu’une société de ce secteur industriel ne peut atteindre dans des conditions normales. Les dirigeants de ces entreprises ne peuvent que se plier à ces injonctions, faute de quoi, le gérant en question ferait vendre les actions de cette société, dont le cours s’effondrerait. C’est ainsi que, pour prendre l’exemple du monde bancaire, une banque de dépôt dont la rentabilité annuelle dans des conditions normales est de l’ordre de, disons 7 % net après impôt, est sommée d’atteindre, par exemple, une rentabilité de 15 %. Pour parvenir à ces objectifs, les dirigeants de cette entreprise sont obligés, non seulement de serrer les coûts encore plus fort, d’abandonner toutes les activités pas assez lucratives, de pousser à emprunter ou à acheter des titres certains de leurs clients et… de se livrer à la spéculation pour compte propre. Comme le remarquait Monsieur Sarkozy l’autre jour, ce dernier type d’opérations est risqué : cela peut rapporter beaucoup d’argent, mais de temps en temps, cela entraîne des pertes importantes. On le voit, il y a bien un lien, organisationnel cette fois, entre la crise des prêts immobiliers américains et l’affaire de la Société Générale !

 
 

Les autorités et les « bulles »

 
 

Sur un autre sujet, il faut remarquer que le Federal Reserve Board, autorité en charge de la surveillance du système bancaire américain et surtout de la fixation des taux d’intérêts aux Etats-Unis, porte une certaine part de responsabilité dans la formation des « bulles » financières dont l’éclatement provoque périodiquement des crises sérieuses. En effet, afin d’éviter les crises sur certains marchés et l’assèchement du crédit qui en résulterait, cette autorité, comme d’autres banques centrales, met soudain à la disposition du système bancaire des montants considérables à des taux d’intérêts très faibles. C’est ainsi que plusieurs centaines de milliards de dollars ont été prêtés récemment aux banques pour calmer la bourse après la crise de l’immobilier. Certains bons esprits pensent que cette injection de sommes énormes sur le marché dans l’espoir de désamorcer une crise…est à l’origine de la crise suivante ! Par exemple, les liquidités qui ont été injectées pour désamorcer la crise de la « Bulle Internet » il y a quelques années…ont été utilisées en partie pour alimenter la spéculation sur le marché de l’immobilier américain, servant ainsi de démarreur à l’actuelle crise. Autrement dit, ce système ressemble furieusement au chat qui court après sa queue…Car les établissements à qui la Banque centrale prête des sommes énormes à bas taux vont eux-mêmes utiliser ces capitaux en consentant des crédits à bas taux à quelqu’un d’autre et, si celui-ci est un spéculateur, préparer ainsi une nouvelle bulle dans un autre domaine. D’où la conclusion que ces banques centrales sont elles-mêmes responsables, au moins en partie, des spéculations qui agitent la sphère financière.

 
 

Revenir à la réalité

 
 

La vérité est que, dans le libéralisme sauvage que nous connaissons aujourd’hui, il n’existe plus aucun garde-fou à la spéculation. En particulier, tous les mécanismes de contrôle qui fonctionnaient antérieurement, notamment le contrôle des crédits accordés par les banques en France, ont été démantelés à partir de 1985. Eh oui, les dirigeants socialistes actuels ont oublié que c’est le gouvernement de Monsieur Mitterrand qui a mené la « déréglementation » dans le domaine financier ! Il n’existe plus qu’un système global d’alimentation du marché et de fixation du taux des intérêts interbancaires sans discrimination aucune puisque, comme on vient de le dire, il peut servir aussi bien à alimenter les activités utiles que la spéculation. Tôt ou tard, sans doute à l’occasion d’une crise qui tournera mal, il faudra bien admettre que le « laissez - faire, laissez - passer » n’est pas la bonne formule. Mais, comme d’habitude, il faudra attendre une véritable catastrophe pour qu’on ait le courage de s’écarter de la « nouvelle pensée unique » !

 

Georges Rousseau

 

 

 

Activités du mois de février

 
 
 
 



Le mercredi 6 février 2008 à 18h30, l’association Marius Plateau nous invite à prendre part à la messe qui sera célébrée en l’église de la Madeleine à Paris 8ème (chapelle de le crypte.- entrée latérale ) aux intentions des victimes du 6 février 1934.

 

 

 
 

Exceptionnellement, la conférence de l’Institut de la Restauration Nationale du mois de février aura lieu à VERSAILLES. Elle se tiendra le jeudi 14 février 2008 à 20h en la salle Montgolfier ( en dessous de la mairie ) 4, avenue de Paris, 78000 Versailles. Gare SNCF la plus proche : Versailles Rive gauche. La conférence s’intitulera : « La Résistance en France , 1940-1944 » et sera faite par Monsieur François - Georges Dreyfus, professeur émérite d’histoire contemporaine à la Sorbonne. Rappelons que le professeur Dreyfus est l’auteur d’un livre qui fait autorité dans ce domaine.

 

 

 

Une manifestation CONTRE L’EURO ET POUR LE RETOUR DU FRANC, qui n’est pas organisée par un mouvement royaliste mais qui a toute notre sympathie, aura lieu le dimanche 17 février à 15h. Place Saint-Michel à Paris 5ème ( devant la fontaine).

 

 

 

La Fédération du Languedoc-Roussillon nous invite le vendredi 8 février 2008 à une conférence-dîner avec Maître Jacques Trémolet de Villers et notre délégué général Hilaire de Crémiers dont le thème est : « Mistral et Virgile, retour aux sources ». Se renseigner auprès de Benoît d’Abbadie, tel : 06.73.84.05.62.

 

 

 

Le Café Bleu organise le Jeudi 21 février 2008 une conférence de Monsieur Hillard :

 

« Les minorités et les régionalismes » qui se tiendra au Centre Saint - Paul, 12, rue Saint - Joseph, Paris 2ème.

Publié dans Actualité nationale

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