Le mot du Président : Demain l’Etat royal

Publié le par Lux

                                        

 

 

Opposer la prétendue démocratie‑liberté à l'imaginaire

 

monarchie‑tyrannie relève de la manipulation mentale la

 

plus mensongère. La démocratie telle qu'elle est accep‑

 

table, c'est‑à‑dire entendue comme une représentation

 

légitime des réalités sociales françaises, et la monarchie

 

telle qu'elle est souhaitable, c'est‑à‑dire pratiquée comme

 

une véritable autorité de l'État dans ses prérogatives

 

régaliennes, peuvent sans peine constituer les deux faces

 

d'une même médaille. L'Ancien Régime a disparu de ne

 

pas parvenir à actualiser cette double question de la

 

représentation et de l'autorité. Les régimes successifs

 

des XIXe et XXe siècles n'y ont pas, non plus, apporté de

 

réponse satisfaisante, handicapés qu'ils étaient par leurs

 

idéologies paralysantes. Elle se pose aujourd'hui avec

 

une particulière acuité, aggravée qu'elle est par l'usure

 

des institutions et l'urgence de problèmes inédits: la crise

 

des " banlieues " ou le décalage entre le pays réel et le

 

pays légal dans l'affaire de la Constitution européenne ont

 

illustré de façon tapageuse la crise de la représentation

 

l'affaire du CPE celle de la crise de l'autorité.

 

 

     Les échéances électorales contraignent les partis et

 

tous leurs candidats potentiels à un excès de "commu‑

 

nication". Cette sensibilisation politique, plus subie que

 

choisie, et souvent proche de l'indigestion, crée cepen‑

 

dant un climat favorable à notre action doctrinale.

 

 

     Deux axes d'action politique découlent des constats

 

formulés ci‑dessus.

 

 

     Le premier porte sur l'essentiel. Le triste spectacle de

 

tous les candidats à la candidature est susceptible de

 

faire réfléchir nos compatriotes sur la nature même des

 

institutions actuelles. C'est en tout cas le seul bien qui

 

peut sortir d'un tel mal. A cet égard, le général Gallois

 

constitue un exemple de stimulateur de réflexion. En

 

juillet dernier, il a eu le courage d'affirmer : "C'est

 

l'élection du président au suffrage universel qui est la

 

principale cause des maux dont souffre le pays". Sa

 

critique du système actuel est suffisamment argumentée

 

pour qu'on ne puisse l'écarter d'un haussement

 

d'épaules. Beaucoup de méfaits du système sont affir‑

 

més : la division persistante des Français "devenue

 

consubstantielle au système", et aujourd'hui accentuée

 

par le quinquennat ; le régime des partis 'jamais aussi

 

puissants ni aussi richement dotés", et tout ce qui s'en

 

suit ; le règne de la démagogie la plus racoleuse ; la

 

manipulation des électeurs par l'audiovisuel ; la tentation

 

du pouvoir de se réfugier dans l'arbitraire pour "échapper

 

à la sanction de la représentation populaire" et sa

 

propension à céder "sous la pression de la rue".

 

L'intégralité de l'intervention du général Gallois peut être

 

lue sur le site du Forum pour la France ,

 

(forumpourlafrance.com ). Cette audace à dénoncer dans

 

l'élection présidentielle au suffrage universel le principe

 

politique qui pervertit les institutions de la France , "le

 

principal responsable" des "expériences malheu­

 

reuses dont les Français ont été les victimes", est à

 

imiter. C'est, aujourd'hui, la méthode de combat politique

 

la plus intelligemment féconde.

 

     Le second axe est positif ou, si l'on préfère, de

 

proposition. Il est l'indispensable complément du premier.

 

Il revient à être capable de dire partout : l'électoralisme

 

politicien est stérile, diviseur, inefficace et malfaisant. Il

 

cultive la querelle partisane, l'instabilité, l'éphémère. Pour

 

le remplacer, il faut favoriser le "nous" national, la

 

continuité politique, la vision à long terme. La monarchie

 

ne peut être qu'une instauration nouvelle, car elle ne

 

repose pas sur un présupposé idéologique statique mais

 

tient compte des situations concrètes de la France. La

 

longévité de l'État royal français est le gage de ce que fut

 

sa capacité d'innovation et la grandeur de la France

 

monarchique témoigne de l'efficacité de ses institutions.

 

Cette pratique d'initiatives heureuses exige conjoin-­

 

tement du réalisme et de l'intelligence imaginative. Et une

 

telle pratique n'est possible que si l'action est entreprise

 

dans une "position" réelle d'arbitrage et de direction. La

 

dame Royal et Nicolas Sarkozy peuvent, comme ce mois

 

d'août, décliner leurs promesses d'excellence en les

 

faisant précéder de " si je suis en fonction", ce qui est

 

certain c'est que, même s'ils décrochent un jour la

 

"fonction", ils ne seront jamais en "position" d'assurer le

 

bien commun. Aucun des candidats n'incarnent l'ordre

 

vivant de la nation française.

 

Pourquoi ce spectacle si lamentable ne fait‑il pas crier

 

sur les toits ce que beaucoup pensent mais ne disent que

 

dans les conversations particulières : "ça suffit" Parce

 

que ce cri serait un diagnostic sans les remèdes! Parce

 

que la subversion a réussi sa triple oeuvre de discrédit, de

 

neutralisation et de culpabilisation du seul projet politique

 

qui puisse constituer une réponse à la carence d'autorité

 

et de représentation au sommet de l'État. C'est donc à

 

nous de travailler à contrecarrer cette subversion et à

 

rendre aimable le projet d'État royal.

 

   Bernard PASCAUD

 

 

Publié dans Pensée politique

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